Lundi 10 octobre

Le lancement

Les candidats à l’élection présidentielle sont partis en campagne

Les principaux candidats à la présidentielle ont lancé leur campagne ce week-end. Des rassemblements partisans, concerts, shows, performances musicales ont investi les salles de sport et de concert ainsi que des lieux symboliques à Sofia et à Plovdiv.

Le GERB a réuni 15 000 personnes dont des ministres, des députés et des militants dans la plus grande salle de sport du complexe Sofia Armeec. Dans un discours plein d’émotion et de critique contre l’opposition, « imbibée de venin » et « se préparant à voler les milliards économisés », Boïko Borissov, premier ministre et président du parti, a exhorté l’assistance à œuvrer pour la victoire à l’élection présidentielle afin que le GERB reste au pouvoir. Il a souligné qu’au premier tour, ce sont les partis qui s’affrontent et que si le GERB n’assurait pas la victoire à ses candidats, le gouvernement démissionnerait. Tsetska Tsatcheva et Plamen Manouchev, formellement conviés après les discours des vice-présidents du GERB (Dimitar Nikolov, maire de Bourgas, Yordanka Fandakova, maire de Sofia et Tsvetan Tsvetanov, président du groupe parlementaire), se sont engagés à remporter l’élection au nom de la Bulgarie. Mme Tsatcheva a mis en exergue les priorités de son mandat. Elle a assuré vouloir se concentrer, une fois élue, sur le triptyque « éducation-science-entrepreneuriat », tout en continuant de travailler à la fois à la réforme du système judiciaire national et au renforcement des frontières de la Bulgarie. « La Bulgarie, facteur de stabilité », « une politique extérieure active », garantir la stabilité et l’unité nationale » : tels sont les messages que les deux candidats feront passer aux habitants des 200 localités qu’ils envisagent de visiter pendant les 27 jours de leur campagne.

Roumen Radev et Iliana Yotova, candidats soutenues par le PSB, et Kornelia Ninova, chef de file des socialistes, ont choisi le théâtre antique de Plovdiv pour s’adresser par visioconférence aux membres et aux sympathisants de leur parti, réunis à Sofia, à Stara Zagora, à Veliko Tarnovo et à Gotse Deltchev, et pour lancer leur slogan : « pour le bien de la Bulgarie ». « Je n’ai pas l’ambition d’être le père de la nation mais je m’engage à porter la voix et la volonté du peuple bulgare. Je me lance dans une bataille pour l’avenir de la Bulgarie car être bulgare n’est pas un destin mais un honneur. Parole d’officier bulgare, je m’engage à ne pas vous trahir car je suis l’un de vous », a déclaré le général Radev.

Traïtcho Traïkov et Sabi Sabev, candidats du Bloc réformateur, sont entrés en campagne dans la salle de concert Bulgaria, bondée de militants et de sympathisants, aux côtés des dirigeants des formations constituant le Bloc : Meglena Kouneva, Radan Kanev, Naïden Zelenogorski, Nikolaï Nentchev et Korman Ismaïlov. Traïtcho Traïkov a prévenu l’assistance qu’il ne s’attend pas à ce que la bataille soit honnête mais qu’il a la force d’être libre et n’a pas peur de lutter pour les intérêts nationaux. Les deux candidats compteront sur la communication individuelle avec les Bulgares ainsi que sur une campagne dans les réseaux sociaux. Ils prévoient l’organisation d’un concert à Plovdiv auquel participera M. Traïkov.

Devant des sympathisants nationalistes réunis à la salle de sport Universiada, Krassimir Karakatchanov et Yavor Notev, soutenus par le Front national pour le salut de la Bulgarie, l’ORIM et Ataka, ont déclaré se lancer dans une « bataille pour la libération de la Bulgarie des incursions » et non pas dans une campagne électorale. « Je vois les autres candidats jouer le jeu de la gauche et de la droite et je les entends parler de la Russie et des Etats-Unis mais jamais de la Bulgarie », a souligné M. Karakatchanov. Les deux candidats feront le tour de la Bulgarie ensemble et séparément.

« La Bulgarie n’a besoin que d’être aimée », a lancé à ses partisans Tatiana Dontcheva, candidate de la coalition du Mouvement 21 et du Mouvement national pour la stabilité et le progrès, aux côtés de Mintcho Spassov, son candidat à la vice-présidence, dans le complexe antique Serdika (dans le passage souterrain entre la Présidence et le Conseil des ministres). Au son de l’hymne national bulgare joué au violon par Tatiana Dontcheva, défilaient sur un écran les principaux messages de la campagne dont celui consistant à rompre les liens entre le système politique et le pouvoir judiciaire en faisant nommer le procureur général par le président de la République.

Maya Manolova, médiateur de la République, invitée dans l’émission « 120 minutes » sur la chaîne de télévision bTV, a exprimé ses craintes de voir les partis politiques et l’administration électorale tenter de balayer le référendum sous le tapis. Selon elle, les résultats de ce référendum peuvent s’avérer plus importants que ceux de l’élection présidentielle car ils sont censés changer le système politique. Mme Manolova a espéré que la Commission électorale centrale (CEC) tiendra sa promesse de remettre aux électeurs un bulletin pour le référendum et pas seulement pour la présidentielle. Par ailleurs, la décision de la CEC de limiter la campagne d’information aux médias nationaux (qui vient d’être annulée par la Cour administrative suprême) était également inquiétante, a regretté Mme Manolova. Aujourd’hui, la CEC a élargi la portée de la campagne d’information aux médias régionaux à l’exception des médias en ligne. (tous journaux, mediapool.bg, bTV.bg,novini.bg)

L’étude

La contrebande de cigarettes perd du terrain dans le pays

L’Initiative pour la lutte contre le commerce illicite de cigarettes, créée par quatre fabricants internationaux de tabac et Bulgartabac, a annoncé vendredi dernier les résultats de sa dernière enquête sur la part des ventes illégales de cigarettes sur le marché bulgare. Lors d’une conférence sur la contrebande, à laquelle ont pris part le premier ministre, la ministre de l’intérieur, le procureur général et la directrice de l’agence des douanes, il a été annoncé que la part de la contrebande de cigarettes en Bulgarie avait atteint son niveau le plus bas, 8,1%, depuis le début de ce type d’études (2007, le plus grand pic ayant été enregistré en 2010 avec 35%).

Les données de l’analyse des paquets vides ramassées dans le cadre de cette étude visant à évaluer la consommation illégale de cigarettes dans quatorze villes du pays (un échantillon représentatif couvrant 40% de la population du pays) ont démontré qu’à Yambol, Sofia et Choumen, la part du marché illégal était tombée à 4%. Dans d’autres villes, les niveaux des ventes illégales ont augmenté par rapport au 4e trimestre de l’année précédente, la hausse la plus spectaculaire ayant été enregistrée à Pernik (de 10,3% à 26,7%). Saluant le bon travail des services publics, qui a permis au Trésor de recouvrer plus de 3,7 milliards de leva, dont 1,6 milliard en 2016, le premier ministre a exigé des résultats formels des chefs des directions régionales de la police à Pernik, Haskovo (part des cigarettes de contrebande : 24,5%), Plovdiv (17%), Pazardjik (14%) et Roussé (9,9%), les menaçant de limogeage si rien n’était fait d’ici un mois. Au niveau national, la ville qui continue traditionnellement à consommer le plus de cigarettes illégales reste Svilengrad (30,2% au 2e trimestre de 2016, en baisse de 3,5 points par rapport au 4e trimestre de 2015). Toutefois, sur le plan européen, la Bulgarie figure parmi les pays accusant les niveaux les plus bas de contrebande de cigarettes (7e place après le Portugal, la Tchéquie, la Slovaquie, le Danemark, le Luxembourg et la Belgique).

La marque grecque Karelia reste la plus vendue au noir depuis dix ans, bénéficiant de filières bien organisées depuis la Grèce. Elle est suivie de près par la marque chinoise Marble, présente en Bulgarie depuis cinq ans et importée à partir de Dubaï, via la Grèce.

Se référant à des données provenant des fabricants et importateurs de cigarettes, Capital Daily indique que la part de marché du plus grand fabricant et leader des ventes dans le pays, Bulgartabac, continue à se rétrécir. Pour la première fois, la holding voit tomber sa part en-dessous de 30% (de 30,6% en janvier 2016 à 29,5% en août dernier). La compagnie, dont le nom reste toujours lié au député MDL Delian Peevski, malgré un transfert de propriété à une société de Dubaï, a essuyé de lourdes pertes à l’international. Après avoir arrêté en début d’année ses exportations vers le Proche-Orient, représentant 80% de ses ventes, à la suite d’accusations massives de contrebande de la part des autorités turques, Bulgartabac est en train de perdre des positions sur le marché national également. Ce qui apporte de l’eau au moulin de ceux qui prétendent que le député Peevski s’est désintéressé de Bulgartabac et qu’on prépare la cession de celle-ci (la holding regroupe trois sites industriels à Sofia, Blagoevgrad et Plovdiv, une société de distribution et la chaîne de vente de détail Lafka).

Un autre fabricant bulgare, KT International (nom actuel de Kings Tobacco), perd également du terrain (une baisse de 10,9% à 9,7% depuis le début de l’année). Troisième société en perte de vitesse sur le marché légal bulgare : le groupe grec Karelia (une baisse de 19,5% à 18,9% de la part de marché). En revanche, Philip Morris et British American Tobacco, ont tiré profit de l’infortune de leurs concurrents pour augmenter leur part de marché depuis le début de l’année (passant respectivement de 14,7 à 16,0 % et de 10,6 à 12,1%).

Dans ce contexte de lutte contre la contrebande, marqué par la décision du gouvernement de poster des douaniers dans les usines de cigarettes et les entrepôts d’accises, les ventes sur le marché légal sont en hausse : plus de 9% depuis le début de l’année. (24 Tchassa, Capital Daily)

L’entretien

Filip Gounev : « La mission de Frontex produit un effet anti-corruption »

Dans les pages de l’hebdomadaire Capital, Filip Gounev, vice-ministre de l’intérieur, exprime ses attentes après la création du Corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, inaugurée la semaine dernière à la frontière bulgare, et aborde les dernières mesures prises par le gouvernement en vue de contrôler les flux migratoires et d’intégrer les réfugiés qui choisissent de rester dans le pays (voir aussi son interview pour Sega dans notre revue du 6 octobre dernier).

La création du Corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, estime M. Gounev, est la première forme réelle de la solidarité européenne en matière de protection des frontières extérieures de l’EU. La première réalisation venant à la place d’une pléthore de promesses jamais tenues. Les 1 500 garde-frontières et garde-côtes nationaux de cette agence pourront être mobilisés à la demande d’un seul Etat membre et un officier de liaison sera basé dans chaque pays de l’UE pour évaluer la situation au jour le jour et rendre compte à Frontex.

Cette forte présence européenne ne manquera pas de produire un effet anti-corruption, estime M. Gounev. Comme on l’avait déjà vu au moment de l’inclusion de militaires bulgares dans les patrouilles à la frontière. « Mais je ne veux pas présager de l’avenir. J’espère fortement que des agents haut placés ne sont pas impliqués dans les actes de corruption et qu’il n’y a pas de structures pyramidales. Je vois plutôt l’activité des passeurs comme un marché criminel, comme des filières et non comme une organisation criminelle rigoureuse et hiérarchisée. Nous avons affaire à des criminels opportunistes de tous bords, depuis les voleurs de voitures jusqu’aux trafiquants de drogue, qui profitent de la situation », indique-t-il.

Face à l’instrumentalisation de la crise des réfugiés, notamment dans le contexte électoral, la Bulgarie reste fidèle à ses engagements dans le cadre des deux programmes européens de réinstallation de migrants venant de Turquie (40 personnes environ) et de relocalisation au départ de la Grèce et d’Italie (1 500 personnes). Les fonds prévus par la Commission européenne sont 8 000 euros par personne réinstallée et 6 000 euros par migrant relocalisé. Cet argent doit aller aux communes qui les accueilleront, via l’Association nationale des communes, et servir à la prestation de services sociaux aux intéressés (apprentissage du bulgare, hébergement, prise en charge, etc.). En outre, le conseil des ministres a adopté un programme d’intégration dont l’objectif est que les migrants qui choisissent de rester dans le pays réussissent en l’espace de six mois à apprendre la langue et à trouver du travail. Actuellement, il s’agit d’un très petit nombre de personnes : depuis octobre 2015 la Bulgarie demande tous les mois à la Grèce 50 migrants afin de remplir son quota. Mais en réalité, elle n’a accueilli que 12 personnes au total.

Le comportement des migrants a changé sous le poids de plusieurs facteurs, souligne M. Gounev, notamment la fermeture de la route des Balkans occidentaux, le renforcement de la frontière bulgare, les opérations lancées par Frontex le long de la frontière bulgaro-serbe. Les migrants ne peuvent plus se permettre financièrement de payer un passeur pour se rendre en Allemagne. Ils acceptent d’être hébergés dans les centres bulgares et, très probablement, retourneront à l’option utilisée en 2014 : obtenir un statut et partir légalement. Pour ce qui concerne les autorités bulgares, elles disposent depuis la semaine dernière d’une troisième option qui leur est fournie par l’accord conclu entre l’UE et l’Afghanistan. Cet accord permet le retour de migrants clandestins par lots de 50 personnes, conclut M. Gounev. (Capital)

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Dernière modification : 24/11/2016

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